Les échanges entre moi et mon copain avait été plus que glacial ce matin-là. Il avait recommencé. Une fois de plus. Je n’en parlais à personne. Je ne voulais pas le quitter. S’était le seul qui pouvait me protéger de mon père. S’était le seul avec qui j’avais envie d’être même si pour cela je devais souffrir. Personne ne pouvait comprendre. Personne ne savait réellement ce qu’il se passait non plus entre lui et moi. Certains s’en doutaient mais personne n’osait le dire. Après avoir pris ma tasse de café et une tranche de pain avec de la confiture, j’étais allé dans la chambre pour choisir les vêtements que j’allais mettre. Dans le miroir, je regardais le bleu que j’avais au niveau du ventre. Il n’était pas petit et à peine je le touchais que ça me faisait mal. Il arriva à ce moment-là, on se regardait quelques secondes avant qu’il ne me prenne dans ses bras et qu’il s’excuse. Comme d’habitude, je lui lançais un « c’est pas grave ». Au fond de moi je savais qu’il changerait un jour. Entre lui et moi s’était juste parfait au début. Peut-être trop parfait au final. Il m’embrassa ensuite, puis je choisis mes vêtements : un short en jean et un débardeur feront l’affaire. Au pied, je mettrais des tongs. J’allais dans la salle de bain et me regardait dans le miroir quelques secondes. Heureusement qu’il ne m’avait pas frappé au visage, ça serait tellement difficile à cacher. Je pris une douche rapidement, puis m’habilla et me maquilla. Quelques minutes plus tard, Zélia m’envoya un texto pour me dire qu’elle partait. J’avais rendez-vous avec elle sur Arthur Avenue. Je pris alors mon sac et me dirigea vers notre point de rendez-vous. Pas besoin de prendre de taxi, de toute façon je n’avais pas les sous pour en prendre un. Quand je la vois, elle est déjà là. J’espère qu’elle n’a pas attendu trop longtemps. Elle regarde des pâtisseries et est donc dos à moi. Je pose une main sur son épaule et elle fait un bond, ce qui me fait sourire :

« Une crise cardiaque ? Carrément… Puis t’avais qu’à pas être absorbé par ces pâtisseries aussi. » Je lui souris puis elle me serre dans ses bras. Je fais de même. Elle me dit que je n’ai pas l’air enforme. Je souris, en tous cas j’espère être naturelle parce que mentir n’est vraiment pas mon fort et réponds : « Si ça va, je suis juste fatiguée. Et toi ? »

Le fait que je sois fatiguée n’est pas totalement faux non plus au final même si ce n’est pas la raison réelle pour laquelle je ne pas en forme. Je souris ensuite quand elle m’accueille chez elle. C’est une vraie perle cette fille, toujours un truc à dire pour redonner le sourire. On commence à marcher le long de l’avenue et lui réponds :

« J’avoue qu’on se croirait vraiment en Italie. D’ailleurs c’est quand que tu m’emmènes chez toi ? Ca me manque nos vacances là-bas. »

En fait, j’avais surtout besoin de changer d’air, m’éloigner de New-York et oublier mes problèmes. Je continue de marcher à ses côtés tout en regardant les boutiques.

Zélia avait remis la faute sur les pâtisseries. Bah voyons, comme si une pâtisserie pouvait y être pour quelque chose. Je rigolais à sa réflexion. Elle me serra ensuite dans ses bras. Zélia s’était la seule personne de cette famille que j’aimais. Mon père n’avait jamais été là et dès qu’il a voulu s’intéresser ça avait été pour me mettre tous les maux du monde sur la tête. Les seuls moments de répits que j’avais était lorsque je partais en Italie, voir ma cousine. Il était bien content de se débarrasser de moi pour les vacances scolaires et à chaque fois, je redoutais le retour à la maison. Je lui dis que j’étais fatiguée. Je ne voulais pas lui parler de ce que me faisait subir Jayson. Dans le fond, ça ne l’a regardait pas vraiment. Puis même, elle ne l’aimait pas beaucoup. Elle me dit que si jamais j’avais besoin de repos, je pourrais venir chez elle. S’était gentil mais pas sûr que l’idée plaise franchement à Jayson. Je souris alors à ma cousine et répondis :

« T’inquiète pas, j’y penserais. »

Je lui souris. Il se voulait rassurant. Je ne voulais pas que ma cousine s’inquiète. Et pourtant, Dieu seul savait à quel point je souffrais. J’aimais Jayson, même s’il était violent. Avant, il n’était pas comme ça. Il agissait sous l’influence de son père. Je le savais, je le connaissais. On commence à marcher et je lui demande quand elle a l’intention de m’emmener en Italie, pour avoir des vacances comme avant. Loin de tout et de tout le monde. Je souris alors à ma cousine et répondis simplement :

« Bah écoute, j’en parle à Jayson et j’te dis ça, parce que je ne suis pas sûre que l’idée que sa copine se fasse draguer par de beaux italiens, lui plaisent franchement. »

J’étais même persuadée que Jayson ne me laisserait pas partir sans lui en Italie. Cependant, je n’avais pas envie qu’il vienne. Je ne voulais pas le faire entrer dans ma famille. Pas maintenant. Pas tant qu’il serait sous l’influence de la sienne. Il allait sûrement piquer une crise mais il ne m’empêcherait pas de partir avec ma cousine et son père. De toute façon, on avait que trop l’habitude de de se disputer en ce moment. Ca ne partait de rien et ça prenait des ampleurs démesurées. Il finissait toujours par revenir et je finissais toujours par lui pardonner. Je savais au fond de moi que je ne devrais pas. Parfois, il m’arrive même d’imaginer ce qu’il ferait si je décidais de partir en claquant la porte. Essaierait-il de me retenir ? Ou me laisserait il partir, sans rien dire ? Je crois que je ne voulais pas vraiment connaître la réponse à cette question puisque pour l’instant, je ne voyais pas ma vie sans lui. Zélia me demanda alors ce que je voulais faire, je répondis :

« Ouais on fait comme d’hab’, on change pas une équipe qui gagne. »

Je souris à Zélia et entra dans un magasin dans lequel j’avais l’habitude d’aller. Si on partait en Italie, il me fallait impérativement une nouvelle robe. Il risquait de faire beau et chaud, là-bas.

Je savais que ma cousine n’aimait pas mon copain. Ce que je ne comprenais s’était pourquoi. Il ne lui avait rien fait. Il m’avait secouru à un moment de ma vie où j’en avais besoin. Il avait été gentil. Bien que maintenant, il avait changé, elle n’était pas au courant de ça. Elle ne comprenait pas que je l’aimais. Avec lui, je me sentais simplement protégé. Il n’avait jamais cherché à comprendre mon passé. Il n’avait jamais posé de question sur le pourquoi du comment j’avais débarqué à New-York. Il avait respecté mon jardin secret alors que d’autres auraient insisté jusqu’à ce que je leur déballe tout. Zélia ne comprenait pas pourquoi je tenais autant à lui. Et puis, un an ça ne s’oublie pas comme ça. Bref, elle m’observa sous toutes les coutures. Je fronçais les sourcils. Qu’est-ce qu’elle cherchait à prouver là encore ? Je n’eus pas le temps de demander quelque chose qu’elle me répondait. Je levais les yeux au ciel et écouta son autre réflexion. Je soupirais. C’est bon, j’avais le droit de vivre ma vie aussi, non ? Je répondis :

« Je m’écrase pas devant mais imagine ton copain te dit qu’il va en Italie où n’importe où ailleurs sans toi, tu réagirais comment ? » Je marquais une brève et sans lui laisser le temps de répondre, j’ajoutais : « Non et puis tu sais quoi ? Ne répond même pas. Tu ne l’aimes pas, j’ai compris. Mais j’aimerais bien savoir pourquoi ? Il t’a fait quoi pour que tu ne puisses pas l’encadrer en peinture ? » Je soupirais lorsqu’elle me dit qu’elle s’inquiétait pour moi. Comme si elle avait besoin de s’inquiéter pour moi. « Pourquoi tu t’inquiètes pour moi ? »

Franchement, s’était quoi cette manie de toujours s’inquiété pour moi. J’allais bien. Enfin du moins en apparence. Elle savait que j’étais fatiguée mais elle ne savait rien de ce qui se passait. Et puis, en travaillant dans une boite de nuit, j’étais forcément fatiguée. Ca tombait sous le sens, non ? On avait prévu de faire comme d’habitude. Heureusement, j’avais changé de sujet. On entra dans un magasin que j’aimais bien. Je saluais la vendeuse en anglais. J’aurais pu le dire en italien mais l’anglais me suffisait amplement. Et puis, je n’avais pas envie qu’elle croit que je parle italien alors que je sais seulement dire bonjour, au revoir, s’il te plaît et merci. J’étais relativement limitée dans cette langue bien que j’ai passé énormément de temps en Italie, avec ma cousine, durant les vacances. Je partis du côté des robes et farfouilla quelques minutes avant d’en trouve une bustier avec des fleurs qui nous faisait vraiment nous sentir en été. Je me retournais vers ma cousine tandis qu’elle m’interpellait pour me montrer un haut qu’elle venait de trouver. Je souris et répondis :

« Il est joli. » Je lui montrais ensuite ma robe et lui retourna la question. Par la suite, je me dirigeais vers le rayon d’à côté quand ma cousine me demanda ce qu’il y avait de nouveau dans ma vie. Je soupirais quelque peu : « Bah pas grand-chose, j’essaie de me faire petite pour pas que mon père me retrouve c’est tout. Et toi ? »

Zélia était au courant des relations que j’entretenais avec mon père. J’étais la seule de la famille qu’il ne semblait pas supporter et qu’il avait envie d’égorger mais qu’importe. On peut pas toujours avoir ce que l’on veut dans la vie.

[jjustify]J’adorais ma cousine. Vraiment. Mais elle avait ce don de se mêler des choses qui ne la regardaient. Ce qu’il y avait entre Jayson et moi, ça restait entre lui et moi. Et ce, que ça plaise ou non. D’accord, elle n’était pas au courant de ce qu’il se passait réellement. Et je crois qu’il ne valait mieux pas qu’elle le découvre. Déjà, je me ferais décapiter parce que je ne lui avais rien dit et je savais que Jayson en entendrait parler. Enfin quoi qu’il en soit, personne n’était au courant. Et j’en avais marre qu’on me dise que ce n’était pas un mec fait pour moi. C’est bon, j’étais assez grande pour savoir ce qui était bien ou non pour moi. Ou pas. Mais je savais qu’il allait changer. Avant il n’était pas comme ça. J’écoutais ma cousine. Je soupirais en levant les yeux au ciel. Moi saoulée par sa réaction ? Absolument pas, voyons ! Je lui répondis :

« Oui je suis amoureuse et oui c’est tout ce qui compte. Et si mon visage et mes yeux reflètent autre chose, c’est peut-être que je suis fatiguée parce que je travaille de nuit, je te signale. »

Non mais oh ! J’en avais marre de cette conversation. Je fais ce que je veux encore non ? J’étais assez grande pour prendre mes propres décisions et si elle n’était pas contente, bah s’était la même chose. C’est tout. Je soupirais, puis répondis :

« Et bah tant mieux si toi tu trouves un mec comme ça, le mien il est pas comme ça. Comme moi, j’aurais pas assez confiance pour le laisser partir à l’autre bout de la planète que ce soit avec sa famille ou non. »

J’avais tellement été déçu par mon père et j’étais tellement en train de souffrir à cause de Jayson que je ne voulais plus faire confiance à aucun autre homme. S’était comme ça et rien ne pourrait changer ça. Bref, on commença ensuite à faire du shopping. On allait enfin pouvoir se détendre et arrêter de parler de ce genre de chose. On entrait donc dans un magasin et on trouvait chacune quelque chose à essayer. Les robes, ça faisait un moment que je n’en avais pas mis. Je continuais d’arpenter les rayons tout en écoutant ma cousine :

« Ouais bah un soir où je bosse pas, j’essaierais de passer. D’ailleurs, c’est quand que tu viens faire un tour dans la boite où je travaille ? » Je continuais de regarder les vêtements, puis attrapa un haut que je trouvais sympa : « T’en penses quoi de lui ? »

Je sentais que la carte bleue allait chauffer. Toute ma paie allait sûrement y passer mais tant pis. J’avais besoin d’acheter de nouvelles choses. Je continuais les autres habits présents dans les rayons. S’était cool de faire du shopping quand il n’y avait personne.[/justify]