Je ne suis pas de nature à sortir beaucoup, sauf quand j'en ai vraiment besoin. Les gens qui sortent tous les soirs m'insupporte. Je sais, je suis jeune et je devrais m'amuser et profiter de la vie à fond, mais je n'y arrive pas. C'est comme ça, je ne suis pas fait pour sortir tous les soirs et boire comme un trou. J'aime le bon vin, certes, mais je connais mes limites. Pourtant, ce soir est un de ces soirs ou j'avais envie de sortir et voir du monde. Je ne savais pas exactement pourquoi, mais j'avais besoin de sortir et surtout de laisser mes problèmes au travail. Je n'en ai pas beaucoup, j'adore mon métier, mais parfois c'est un peu plus stressant que d'autres fois. Et le stress ce n'est pas bon pour quelqu'un comme moi qui à souvent besoin de parler, et de me vider la tête. Par contre, mon plaisir est d'aider les gens. D'ailleurs je n'ai pas choisis de suivre les traces de mon père pour rien Son entreprise est un bonheur pour moi, car je viens en aide aux jeunes qui en ont besoin. Et c'est juste le paradis. Alors aller dans un bar, c'est souvent le meilleur moyen de trouver quelqu'un qui ne va pas bien, et de l'aider. Il n'y a aucune pitié dans cette façon de faire, juste de la bonté et une envie d'aider les gens. Je suis comme ça, on ne me changera pas.

Ce soir c'est à Brooklyn que j'avais décidé d'aller, laisser Manhattan de côté pour une soirée. Les entreprises, les grands bâtiments, tout ceci commençait à me taper sur le système. Alors Brooklyn est le genre de ville où j'aime aller pour me ressourcer. Et puis je viens d'ici après tout, avant d'être à Manhattan j'étais de Brooklyn moi aussi. D'ailleurs, je passe devant l'entreprise que tient toujours mon père et souris. Il est bien ici, c'est là que j'ai commencé d'ailleurs. Je l'ai suivis, je le traçait partout au travail, j'étais déjà pré-destiné à aimer ce que je fais. A cette heure-ci c'est fermé, c'est dommage. Mais je passe devant quand même et souris comme un abruti. Puis je me dirige vers un bar non loin, et j'entre. Il y a déjà pas mal de monde, et j'ai un peu de mal à me frayer un passage jusqu'au bar. Mais j'y arrive quand même, et m’assois sur un grand siège de bar. J'appelle le barman d'un geste de la main et lui commande un whisky sans glace. Il me le sers dans les minutes qui suivent, et je peux regarder un peu autour de moi, quand mes yeux tombent sur une jeune femme au bar également. Je me relève, paye le barman et vais vers elle. Je ne sais pas si elle va bien m'accueillir ou pas, mais je m'en fiche. Je m'assois à côté d'elle et bois dans mon whisky. Elle ne m'a pas encore remarqué, enfin je pense. Je la regarde alors, et lui dis tout simplement « Bonsoir » accompagné d'un sourire bienveillant. Si elle me remballe, tant pis. Mais elle à l'air d'avoir besoin de compagnie.

Dans ce monde, c'est très difficile de savoir qui est bon ou mauvais pour nous. Comment savoir si quelqu'un l'est après tout ? On peut donner sa confiance à quelqu'un qui ne la mérite pas, ou on peut se méfier de quelqu'un qui à bon fond par peur. Tout est compliqué dans cette vie, et c'est compliqué de faire la part des choses. Moi je fais partis de ces gens qui aime faire le bien autour d'eux, même si ça ne va que dans un sens. Sauf que contrairement à certaines personnes, je ne lâche pas facilement l'affaire. J'ai du mal à ne pas voir le malheur chez les gens, je suis assez pragmatique, et ils le comprennent assez rapidement habituellement. Je n'avais pas prévu d'aider quelqu'un ce soir, j'étais venu simplement dans le but de faire une nouvelle connaissance. Cette jeune femme avait attiré mon attention, parce qu'on pouvait voir dans ses yeux qu'elle n'allait pas bien. Je suis quelqu'un qui aime aider les autres, c'est comme ça et ça ne changera pas. Quand elle me réponds, je pris un peu de temps pour encaisser. J'ai l'habitude de me faire "jeter" de cette façon quand j'aborde des gens qui ne vont pas bien. En général, ils veulent être seul, du moins c'est ce qu'ils pensent. Mais je sais que c'est faux, et qu'ils ont besoin de compagnie, même s'ils ne le diront jamais. Je la regarde, et décide de répondre à sa question, tout simplement avec un grand calme. « Un vrai sourire ? » Ce n'était pas une moquerie, simplement une façon d'essayer de la faire sourire. Vraiment j'entends. Car on sentais dans celui qu'elle venait de me faire, qu'il était plein de mauvaise humeur. Je voyais bien qu'elle s'en voulait de me parler ainsi, à peine sa phrase sortie. Je ne voulais pas être lourd, ni même la draguer, loin de là. Elle est très jolie, mais je n'aime pas draguer les femmes. C'est comme ça, je n'ai jamais vraiment su faire ça. Mais les aider, oui avec plaisir. Je bois une gorgée dans mon whisky, puis sourit à la jeune femme à mes côtés. Je n'ai pas envie qu'elle finisse mal, une femme bourrée ce n'est pas beau. J'ai donc décidé de lui changer les idées, pour éviter qu'elle finisse mal. Peut-être que ce n'est pas son intention, et si c'est le cas tant mieux. Mais si ça l'est, j'aurais aider quelqu'un et ma soirée sera plus belle. « Je m'appelle Fallon Weiss. Quel prénom dois-je mettre sur vous ? » Je me fichais de son nom, mais son prénom c'était essentiel pour continuer la conversation. Puis je réfléchis, est-ce qu'elle à envie de continuer la conversation même ? Peut-être pas. Mais si c'est le cas, elle me le diras.  

   




   

Elle finit par me sourire vraiment, suite à ma demande. Je ne savais pas si c'était pour me satisfaire, ou si elle n'était simplement qu'une bonne actrice, mais c'était réussi. J'arrivais à m'en contenter en tout cas, donc même s'il est faux, il faut croire qu'elle sait y faire. Malgré tout je sentais que ma simple présence ne suffirait pas à lui faire poser cette bière qu'elle sert dans sa main. Elle se présente à son tour, me priant de l'appeler par un surnom, puis nous trinquons. A quoi ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, je suis son mouvement. Je n'avais pas simplement envie de faire une bonne action ce soir, j'avais aussi envie d'aider cette femme parce qu'elle me semblait sympathique, quoi qu'un peu torturée. Elle s'excusa d'ailleurs pour sa maladresse, puis se dénigra. Chose que je ne supporte pas, mais je ne lui en dit mot. Je me contentai de sourire, puis je bus dans mon verre de whisky. « Mince, peut-être aurais-je dû venir vous voir hier soir ? » En souriant, je prêchais le faux pour savoir le vrai. Je sais, ce n'est pas bien de faire ça. Mais c'est un bon moyen de connaître une personne. Était-elle là hier aussi ? Elle ne pouvait que me répondre suite à cette phrase, mais si elle ne le faisait pas, je trouverais autre chose à dire. Je ne suis pas le genre d'homme qui lâche facilement l'affaire. Je me retournais alors pour poser mon dos contre le bar, toujours perché sur mon haut tabouret et regardais les gens autour de nous. Certains buvait surement pour oublier, tout comme Charlotte, d'autre piétinais sur place en ne sachant pas comment faire un pas de danse, et une autre femme au fond de la pièce pleurait pour on ne sait quelle raison. Je voulais éviter ça pour Charlie, je n'aime pas voir des larmes sur le visage des femmes. je fis une grimace de mécontentement, et me retourna vers Charlie. « Alors Charlie, dites-moi, quel homme vous met de si mauvaise humeur ? » Ce n'est pas moi qui le dit, c'est elle. "Pas de bonne compagnie" signifie surement qu'elle ne pète pas le feu. Je ne voulais pas m'immiscer dans sa vie, une fois de plus si elle ne voulait pas en parler, je ne la forcerait pas. Et puis, c'était forcément un homme. Tout les hommes finissent par faire du mal aux femmes. Soudain je me rendit compte de ma bêtise, peut-être n'était-ce pas un homme ? Après tout je n'avais aucune indication sur son orientation. Bon, et bien au moins j'aurais le droit de me prendre une bonne claque dans la tronche si elle n'aime pas la gente masculine. Je bus une fois de plus dans mon verre, et patientai simplement, attendant de voir si elle allait oui ou non me parler de ce qui la tourmentait à ce point ? 

   




   

C'est peut être un mauvais défaut, de toujours vouloir tout connaitre sur tout le monde ? J'ai été élevé dans cette optique par mon père, il était le grand chef de l'entreprise et il m'as toujours dis "mon fils si tu veux réussir ta vie, tu dois connaitre tes adversaires". Si je m'étais arrêté à cette partie ce serait plus simple, mais j'ai eu une grosse déformation professionnelle. Maintenant j'ai envie, je dirais même besoin, de tout connaitre sur tout le monde. Et ça peut aider quand les gens veulent parler, mais parfois ils ne veulent pas et c'est lourd pour eux. La plupart n'ose pas me le dire en plus, donc je me fais l'espoir de pouvoir les aider, et au final nous n'avons plus de nouvelles par la suite. Pas d'appel, pas de visite, rien. Le vide total, le noir complet. Une simple poussière dans mon existence. C'est aussi pour ça que je ne veux pas m'attacher à quelqu'un, que l'idée simple d'offrir mon cœur à une femme me révulse parce que j'ai une peur bleue de l'attachement. Et si elle devais partir par la suite hein ? Qu'est ce que je deviendrais bon sang ! Bref, là n'est pas la question. Aujourd'hui j'ai décidé de m'occuper de cette jeune femme blonde assise au bar. Je n'aime pas voir les femmes boire de l'alcool, parce que ça veut dire qu'elles ont le cœur triste et je déteste ça. Aucune femme ne devrait être triste ou avoir de la peine à cause de quelqu'un. C'est ma vision des choses. Elle essaie de me rassurer mais ça ne marche pas, je connais trop bien ce regard qui veut dire ça va aller, mais en fait ça ne va pas du tout. Je lui souris. « Tout dépend combien de temps dure ce coup de mou. » Je lui fais un clin d’œil pour accentuer le fait que je plaisante et me replonge dans mon verre. Non pas que j'ai besoin ni envie de me souler ce soir, mais parce que je n'aime pas fixer les gens, ça met mal à l'aise au final. Je la vois sortir son téléphone après quelques soupirs, recevoir une réponse et soupirer à nouveau. Et bien, soit cette femme est vraiment très mal, soit la personne avec qui elle correspond ne lui donne pas les réponses qu'elle attendait. J'opte pour la première solution vu la vodka qu'elle redemande par la suite. Je dois l'empêcher de boire à ce point mais je ne sais pas comment. Mon cerveau se met en marche rapide et je me met à réfléchir à une solution pour que ce liquide qui va lui faire du mal n'atteigne pas sa trachée. Elle me parle d'un certain Jeremy, et je ne sais pas pourquoi mais sur l'instant je déteste cet homme. Je l'écoute, et elle me dis qu'elle ne va pas en parler. Sauf que si justement, plus je lui fais parler mieux elle ira parce qu'elle aura fini de cracher tout le venin qu'elle garde à l’intérieur et qu'elle solidifie avec de l'alcool. « Je pense au contraire que cela vous ferais du bien d'en parler. Je peux être une très bonne oreille vous savez.. » En vérité c'est à peu près tout ce que je peux être. Je n'ai jamais été très doué pour donner des conseils, et ça s'est prouvé avec Jules.. J'ai l'air un peu morose quand je repense à lui, et je préfère me l'interdire pour l'instant. Ce n'est ni le moment ni l'endroit approprié. Et cette femme n'a pas besoin que j'en rajoute une couche avec ma tristesse pour mon petit frère. Je lui sourit, et elle me propose de me payer un verre. Je ne peux me retenir d'y voir une occasion fabuleuse. J'acquiesce tout en parlant. « Si vous me promettez que votre prochain verre sera un soda sans alcool, j'en suis. » Évidemment cela voudrais dire qu'elle doit terminer celui ci, mais il y a deux solutions. Trois en vérité. Mais seulement deux qui me convienne. Soit elle termine celui-ci d'une traite, et le prochain est sans alcool, soit elle fait trainer celui-ci pour ne pas boire de soda sans alcool mais ça voudrait dire qu'elle n'en commande plus. J'attends patiemment sa réponse, même si j'espère qu'elle ne choisira pas la troisième solution...