◮ Depuis combien de temps es-tu à New-York ? Je suis à New-York depuis que je suis née. Sauf que moi, je n'ai pas grandi dans les beaux quartiers riches de New-York, non moi, je viens du Bronx.
◮ Que penses-tu de la guerre entre les deux clans ? Franchement ? Ca me fait rire. Les petits gosses de riches qui essaient de se donner un genre en se la jouant Gangsta alors qu'ils sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche. On verra comment ils se débrouillent, sans argent, dans des quartiers pauvres où tout le monde crève la dalle. Ils jouent simplement à la petite gueguerre d'enfants de cinq ans, m'enfin, moi si je peux y mettre mon grain de sel pour y mettre le feu aux poudres, je ne me gênerais pas. Ca peut être assez drôle, des riches qui s'entretuent pour du pouvoir.
◮ Crois-tu qu'un jour tu pourrais prendre parti/as-tu déjà choisi ton camp ? Franchement, non, ce serait bien qu'on monte un troisième groupe, les pauvres contre les riches, ils essaient de nous copier alors que c'est une guerre de riche, je veux dire, il n'y a pas de sang, ils restent dans leur limite, pour moi ce n'est pas une guerre et il n'y a pas de clans.
◮ As-tu des proches impliqués dans la guerre ? Non, pas pour le moment du moins.
◮ Selon toi, qui en sortira vainqueur ? Personne, ils vont tous se lasser à un moment ou à un autre, c'est un peu des trucs de gamins non?
◮ Que penses-tu de New-York ? New-York, c'est ma ville, je connais le bronx par coeur, j'adore y vivre, j'adore mes potes, j'adore la caserne, c'est la seule ville que j'ai connu.
◮ Quels sont tes activités favorites ? Sauver des gens, je suis ambulancière donc c'est normal. J'aime bien aller au parc avec ma petite Luna, aller faire la fête, rencontrer de charmants inconnus, faire la folle, j'ai 22 ans, je profite de la vie.
◮ Te sens-tu en sécurité à New-York ? Non, mais bon, si on se promène avec une bombe lacrimogène et un taser, ça passe. Il ne faut pas vivre dans la peur, sinon on avance pas.
◮ Veux-tu rester à New-York jusqu'à la fin de tes jours ? Oui, honnêtement, je pense que je suis née ici et que je vais mourir ici. Ca ne me dérange pas du tout. Bien au contraire, New-York, c'est comme ma mère, c'est mon repère.
◮ Penses-tu avoir des amis sincères ? J'espère, après vous savez, les amis, ça va, ça vient. Je m'attache facilement aux gens mais je suis du genre à très vite passer à autre chose quand quelqu'un me fait du mal.
◮ Quel est ton plat préféré, ton style de musique et toutes les autres choses de ce genre ? J'écoute du rap, du hip hop, de l'électro, de tout enfaites tant que la mélodie et le rythme me plait. Mon plat préféré c'est un bon gros hot dog, moi, je ne connais pas les plats gastro et je ne suis pas une fille chiante. J'adore aller au cinéma, je suis cinéphile. Je suis le genre de meuf à tester un club chaque soir, sauf quand je suis de service et depuis Luna, je sors qu'une fois par semaine. Je suis une fan de série, mais je ne suis pas une geek, je préfère courir un peu pour me vider la tête.
◮ Tu m'aimes ? Oui, un peu..

« Apple, vas me chercher mes cachets dans la salle de bain s'il te plait, j'ai mal au crâne.. » Tu regardes ta mère se tenir sur le canapé entrain de se tenir la tête. Il est onze heures du matin, ça fait deux heures que t'es debout mais tu t'es déjà fait ton petit dejeuner tout seule, comme une grande. Tu as seulement huit ans, mais tu sais que ta mère ne s'occupe pas de toi comme les mères à la télé. Ta mère t'aime, oui, elle vas te chercher à l'école, elle te donne à manger mais elle aime aussi faire la fête et sa bouteille. Tu vis dans le Bronx, au milieu des règlement de compte et des gangs. Tu ne sais pas trop où est ton père, ta mère n'en parle jamais sans qu'elle est de la haine en l'évoquant. Toi, t'es une gamine, avec des yeux innocent qui apprend à se débrouiller, qui grandit trop vite. Tu as bien compris depuis des années que le Père Noël n'existe pas. Tu demandes ton père chaque année pour Noël mais tu ne l'as pas. Ta mère a des petits moyens et elle essaie de faire au mieux, mais ce n'est pas facile. On habite dans un petit appartement miteux. Elle est serveuse dans un café juste en face. Elle te laisse seule avec ta grande sœur de cinq ans ton ainée : Charity. Ta sœur est cool. Vous êtes dans la même galère, elle te trimballe un peu partout avec elle, vous êtes assez proche. Quand ta mère est incapable de s'occuper de toi, c'est elle qui prend le relais. Elle t'accompagne à l'école, elle t'aide à faire tes devoirs, elle s'occupe de toi quand ta mère part travailler. T'es bien loin des paillettes de Manhattan, tu vis simplement dans la réalité. « Apple, mes cachets s'il te plait.. » Tu sursautes quand tu entends la voix de ta mère, tu hoches la tête et tu vas ensuite dans la petite salle de bain et tu pioches dans l'armoire à pharmacie, tu fais attention à ce que tu prends et tu lui apportes ensuite ses cachets et un verre d'eau. Elle les avale d'une traite et elle se rallonge. « Merci ma puce, tu es la meilleure. .» Elle se lève ensuite difficilement, tu la suis du regard. Tu l'aides à aller jusqu'à la salle de bain pour qu'elle aille vomir ses tripes. Tu lui tiens les cheveux mais ça te dégoûte, complètement, tu le fais quand même parce que c''est ta mère et tu n'aimes pas quand elle est mal.

« Maman ! Maman ! » Tu hurles dans tout l'appartement, ta mère s'est enfermée dans la salle de bain avec sa bouteille. Charity est sortie avec ses copines, elle a 15 ans, tu en as dix. Ta mère a encore eu une déception amoureuse. « Laisse moi tranquille Happy, personne ne m'aime.. » Tu lèves les yeux au ciel, elle recommence encore son cirque. Tu as l'habitude, heureusement, ses mots, tu les connais par cœur, c'est comme si tu avais appris une poésie par cœur. « Mais non maman, Chachi et moi on t'aime fort fort fort, comme le soleil. » tu le dis avec une petite voix de gamine histoire qu'elle soit rassurer et qu'elle ouvre cette porte. A chaque fois, tu appréhendes. A chaque fois, t'as peur que cette fois cela aille trop loin surtout qu'elle a les cachets dans la même pièce. Tu trembles à chaque fois. « Ce n'est pas vrai, vous aussi vous allez partir et m'abandonnez et je me retrouverai toute seule » tu l'entends sangloter et ça te sert le cœur. Tu sais que toi, tu ne te contenteras pas de ta condition de pauvre comme elle mais tu ne lui dis pas. Tu dois te contenter de la rassurer, le parent ce n'est pas elle, c'est toi sauf que toi t'as 10 ans, elle, elle en a 33. Elle commence à déverrouiller la porte et tu es rassurée et à chaque fois, tu dois attendre dix minutes avant d'ouvrir, sinon elle pète un plomb alors tu restes derrière la porte. Tu attends qu'elle calme ces petites crises mais cette fois c'est différent. Tu entends un bruit sourd. « Maman, ça vas ? » pas de réponse, tu pousses la portes et tu vois ta mère inconsciente sur le sol de la baignoire. Tu cours, tu cours choper le téléphone fixe le plus proche et tu prie pour qu'on n'ait pas coupé la ligné téléphonique. Tu croises les doigts et ça marche, c'est comme si ton cœur avait loupé un battement. Tu appelles les pompier et tu essayes de parler sans paniquer. On te donne des indications, tu t'empresses de les exécuter. C'est pas facile de déplacer une personne qui fait le double de son poids mais là, tu n'as pas le choix, c'est comme si t'étais popeye et que tu es super forte. Les ambulanciers arrivent quelques secondes après et te félicite de ton travail, il te demande où est ton père et tu inventes un mensonge. Il est routier, il est sur la route mais t'as une tante qui habite pas loin, tu vas aller chez elle.

Cinq ans après, tu es toujours au même point. Tu vis toujours dans ton petit appartement avec ta sœur et ta mère. Ta mère est toujours alcoolique. Ta sœur, elle, elle est strip-teaseuse, elle rapporte plus d'argent que ta mère n'en a jamais rapporté. En tous cas, avec elle, tu as l'impression que c'est Noël, votre train de vie s'améliore considérablement. Ta sœur se sacrifie pour toi et tu ne pourras jamais lui dire merci. Toi, tu te rends compte que t'es jolie et que beaucoup de mecs te veulent, alors, tu en joues. Vraiment. Tu sors avec n'importe qui du moment qu'il est accro à tes battements de cils, qui te répète que t'es joli, mais toi tu tombes sur les mecs beaux qui n'ont pas de cervelles ou les connards. Tu tombes plus sur des connards que des canards. Les connards tu enchaînes, toi quand tu aimes quelqu'un, t'es toujours passionnée et ça se finit toujours en drame. Au lycée, tu sors même avec un de tes profs mais c'est votre secret, ça le reste pendant longtemps. Il te redonne espoir et il te dit que la misère ce n'est pas héréditaire. Il t'a donné les armes pour t'en sortir et t'aider à trouver ta voie. Tu veux être ambulancière. Tu ne veux pas finir strip-teaseuse ou alcoolique comme ta mère, toi tu as envie de t'en sortir. Toi tu peux t'en sortir. Alors la dernière année de lycée, tu bosses pour rattraper ton retard, tu fricottes même avec un petit intello mais rien de sérieux. Il t'aide parce que t'es bonne, il pense que t'es conne alors que t'en as dans le crâne mais tu sais que ce diplôme, tu vas l'avoir. Tu veux que ta mère soit fière de toi. Elle y est parce qu'elle sait que tu iras loin. Tu seras plus respectable et elle pourra crâner devant ses copines. Ta sœur, elle, elle te soutient même si elle pense que tu n'y arriveras pas. Elle sait qu'être ambulancières c'est dur et que si t'es aussi flemmarde que tu l'étais, tu vas vite abandonnée. Mais non, toi tu sais que t'es déterminée, que tu vas devenir bon.

Au final, ce diplôme tu l'as eu et t'es partie passé une formation pour devenir ambulancières à New-York. Ta formation dure trois ans parce que tu dois avoir les bases médicaux. Tu as déjà ton permis mais on doit te former. Tu continues d’être libertine. Tu passes de mecs en mecs et même de filles en filles, franchement, t'es pas difficile, tu repères quelqu'un de jolie et tu fonces, tu n'as de type. Tu t'amuses, c'est le seul point que t'as en commun avec ta mère et ta sœur. Parlant d'elle, il y a trois ans, ta sœur t'apprend qu'elle est enceinte, qu'elle va avoir une petite fille et elle te demande d'être la marraine de la petite. Ta sœur ne sait pas qui est le père mais elle s'en fou. Elle se rappelle avoir couché avec un type riche alors elle va lui demander du fric pour élever sa gamine. Toi t'es pas d'accord avec ça mais ta sœur te fait bien comprendre que t'as rien à dire alors tu te la fermes. Au final, elle ne parvient pas à ses fins, il a demandé un test, la petite n'est pas de lui. Elle est condamné à élever une gamine seule comme votre mère. Tu prends un job à côté pour aider ta sœur à payer les trucs pour la petite. Elle s'appelle Luna et c'est comme si c'était ta fille. C'est la prunelle de tes yeux, c'est ta vie alors que ce n'est pas toi qui l'a mis au monde. Après la fin de ta formation, il y a un an, on t'envoie à la caserne dans un des secteurs de Manhattan. Tu travailles avec 75% d'hommes, on peut dire que cela ne te dérange pas. Au contraire, tu rigoles bien. A la caserne, tu es très pro mais en dehors, tu restes toujours cette jeune qui a besoin de s'éclater mais avec modération. Tu sais d'où tu viens et tu ne parles pas de ton passé ni de ta famille aux gars. Ou très peu, tu leur racontes simplement les petits trucs d'une famille normal. Ils n'ont pas besoin de savoir que ta mère et ta sœur sont au bas de l'échelle sociale et que pendant des années, t'as été pauvre. Une meuf qui change de partenaire comme de chemises, qui fait la fête mais tu es toujours clean quand tu arrives au travail. La drogue, tu n'y touches pas.

Il y a deux mois, ta sœur est tombée pour racolage et pour la drogue qu'elle a vendu avec son nouveau copain. Résultat Luna, est placée chez toi. Tu dois m'occuper d'un bébé de deux ans et demi en plus de mon travail. Tu as engueulé ta sœur car tu aurais pu lui fournir cet argent mais en devenant la marraine de Luna, tu as juré de m'occuper d'elle jusqu'à la fin. Tu la connais, c'est ta filleule, tu m'impliques pour elle alors vous vivez toutes les deux, elle et moi. Tu la confies à quelqu'un car tu ne fais pas confiance à ta mère. Tu la connais. Elle serait capable de boire et d'en donner à la petite. Luna, c'est ton humanité, c'est la personne pour qui tu es le plus faible. Ca fait deux mois et même si c'est dur, même si elle est insupportable et c'est un petit diable, elle fait partie de toi. Tu hais ta sœur autant que tu l'aimes pour ces moments, parce que toi, tu sais que tu seras pas mère ou si tu l'es, c'est parce que tu as trouvé l'homme de ta vie, mais malheureusement, ce n'est pas aujourd'hui. Tu préfères t'amuser plutôt que de te poser. Tu as 22 ans, c'est normal. Tu as besoin de t'étourdir et surtout, tu sais que tu peux grimper les échelons, c'est ce que tu veux..