◮ Depuis combien de temps es-tu à New-York ? Je suis à New York depuis quasiment toujours. J'ai toujours aimé cette ville. Il y a du mouvement en permanence. Le bonheur.
◮ Que penses-tu de la guerre entre les deux clans ? Je suis plus occupé avec de véritables guerres plutôt que de petits conflits entre adolescents
◮ Crois-tu qu'un jour tu pourrais prendre parti/as-tu déjà choisi ton camp ? Jamais
◮ As-tu des proches impliqués dans la guerre ? Je ne pense pas. Ca fait vieux con mais après un certain âge on s'en fiche que machin dise ça ou ça.... On a une vie devant nous et des enfants.
◮ Selon toi, qui en sortira vainqueur ? M'en fiche
◮ Que penses-tu de New-York ? C'est une ville qui ne dort jamais, il y a toujours quelque chose à faire mais en même temps j'aimerai vivre dans une petite ville, peut-être à la campagne
◮ Quels sont tes activités favorites ? Lorsque je ne suis pas en déplacement j'aime flâner dans les rues ou me promener avec mon fils au parc et manger une bonne glace
◮ Te sens-tu en sécurité à New-York ? Oui bien entendu.
◮ Veux-tu rester à New-York jusqu'à la fin de tes jours ? Non je ne pense pas. J'ai envie d'autre chose... Mais je suis encore jeune !
◮ Penses-tu avoir des amis sincères ? Oui. Quelques uns. Je n'ai pas énormément d'amis mais je peux compter sur eux. C'est le principal non ?
◮ Qu'aimerais-tu changer dans cette ville ? J'aimerai que les choses se mettre en mode pause pour une fois. Ne serait-ce que dix minutes... Sinon peut-être plus de parc et d'arbres !
◮ Quel est ton plat préféré, ton style de musique et toutes les autres choses de ce genre ? J'adore la pizza ! Et j'écoute assez peu de musique mais lorsque j'étais plus jeune, je faisais de la guitare. J'ai un petit côté rock
◮ Tu m'aimes ? Toujours

Octobre 1991

_" Il va falloir trouver une solution Madame Baker. Votre fils est intenable." Je voyais ma mère rougir de minute en minute. La maîtresse ne mâchait pas ses mots. Il faut dire qu'un gamin de 7 ans de mon calibre, on n'en voit rarement. J'étais le clown de la classe, celui qui a toujours une réponse terriblement tordu à la question qu'on lui posait. La différence avec un idiot qui veut se faire remarquer c'est que mes réponses étaient toujours logiques. Elles clouaient le bec à cette méchante femme qui n'avait pas la patience de me supporter. _" A ce rythme-là, dans dix ans votre fils sera un délinquant ou pire !" C'était le coup de grâce pour ma mère qui se mit à s'excuser pour mon comportement et bafouiller qu'elle allait prendre les décisions adéquates... Mon père retenait un éclat de rire. Lui avait toujours été convaincu que j'allais faire de grande chose dans ma vie et que ce n'était qu'une passade. Il avait raison. C'était le seul qui avait toujours cru en moi de toute façon. En sortant de la classe quelques minutes plus tard, ma mère explosa. Dans la voiture, elle ne cessait de crier en se demandant ce qu'elle avait pu faire de mal pour avoir un garçon pareil ! Elle lâcha la fameuse phrase que j'entends encore : Ah si seulement tu pouvais être comme ton frère." Terrible phrase. Mon frère David avait toujours eu les faveurs de ma mère. Il faisait une bêtise, je prenais. Je n'y faisais même plus attention en grandissant. Il y a toujours eu de la compétition entre lui et moi, mais aussi beaucoup d'amour.

Janvier 2004

20 ans. Enfin presque. Ce soir j'allais faire une grande annonce, ou plutôt deux, qui allaient en surprendre plus d'un. Je sentais l'orage arriver. A l'époque j'étais étudiant en commerce et autant vous dire que ce n'était pas ma voie. Je m'ennuyais terriblement. J'avais besoin d'autre chose. J'avais profité d'un déjeuner avec l'ensemble de la famille pour lancer les hostilités. Hanna m'attrapa la main et me lança un dernier regard. Je pouvais encore faire demi-tour. Elle était aussi nerveuse que moi. Il faut dire que j'étais sur le point de bousculer sa vie à jamais. Après 3 ans de relations, elle était toujours à mes côtés et me soutenait dans mes choix :  _" Hanna et moi avons quelque chose à vous annoncer." Ma mère manqua déjà de s'étouffer avec le contenu de sa fourchette. La pauvre si elle savait. Je ne défaillais pas et continuais. _" Nous allons nous marier." Mon père sourit comme mon frère qui fut le premier à me féliciter. J'étais content que cette joie sincère sur leurs visages. Hanna était la femme de ma vie je n'avais aucun doute là-dessus. Ma mère gardait le silence. Je continuais, prêt à donner le coup fatal : _" En réalité nous avons pris cette décision car... Je vais rentrer dans l'armée." Les sourires s'évanouirent. Mon frère pouffa de rire. Le rebelle de la famille dans l'armée. Cela aurait pu faire une bonne blague mais j'étais parfaitement sérieux. Mon père chercha à voir dans mon regard si j'étais sérieux ou pas. Lui avait toujours voulu défendre la nation mais un accident de moto l'en avait empêché. Je pouvais voir de la fierté dans ses yeux. Je lui sourit. _" Mais tu es complètement fou !" Je m'attendais à cette réaction. Je tentais de garder mon calme et de me montrer "adulte". _" Pas que je saches. C'est une décision réfléchie. Nous en avons longuement discuté avec Hanna. C'est mon choix. Il n'en sera pas autrement. Je m'imposais pour la première fois de ma vie face à ma mère. Elle n'avait rien à dire.

Juin 2008

A cette époque ma vie était stable. J'avais épousé Hanna comme prévu à la fin de l'année 2004 et nous attendions notre première enfant. J'étais entré dans l'armée mais pour le moment je ne faisais que de petites missions de surveillance dans le pays. J'avais un peu de temps pour ma famille et pour moi. D'ailleurs ce samedi mon frère se mariait avec Valentina. Une demoiselle adorable que j'avais rencontré quelques temps plus tôt et que j’appréciais énormément.Il avait de la chance de l'épouser après ce qui lui avait fait. Contrairement à moi, mon frère avait toujours été un grand séducteur... Du genre à coucher à droite et à gauche. J'espérais que cette phase soit passée. Bref, j'étais le témoin de mon frère à cette occasion comme il l'avait été pour moi. Je devais à cette occasion faire un long discours... que je n'avais pas préparé mais je réussissais à échapper à cette tradition. En effet Hanna, enceinte depuis 7 mois, ressentit ses premières contractions...

Deux jours plus tard, et après de nombreuses difficultés, j'étais père d'un magnifique petit garçon. Je me souviens de chaque moment. Lorsque l'on m'a tendu mon fils. C'était un moment d'amour pur. Je me promettais de le protéger et de le soutenir dans n'importe lequel de ses choix. J'avais une famille, ma famille... J'étais l'homme le plus heureux du monde.  

Septembre 2011

Assis à l'arrière du taxi, j'avais une boule au ventre. J'allais enfin les retrouver. 8 mois c'est long. Terriblement long. Ma carrière militaire avait pris un nouveau tournant l'année précédente. J'avais été envoyé sur la zone de  combat au Pakistan. Une sacrée épreuve dont je ne ressortais indemne mais peu importe. J'étais en vie et j'avais trois semaines avec ma famille. Trois semaines seulement. C'est très peu mais en même temps énorme pour moi. Je reconnaissais l'allée de notre maison. Mon petit comité était déjà là pour m'attendre ! J'embrassais Hanna et serrais mon fils dans mes bras. _" Tu as grandis bonhomme ! Un vrai homme maintenant. " Apparemment il m'avait préparé du gâteau au chocolat, mon préféré, rien que pour moi. Hanna parlait des anecdotes rigolotes concernant notre enfant, me prévenait de ne pas m'inquiéter du léger croquant du gâteau. Casser les œufs avaient été un véritable challenge. Mais ce n'était pas grave. Cette nuit-là je n'avais quasiment pas fermé l’œil de la nuit. J'avais veillé sur eux. Mes anges.

Juillet 2014

Ma vie n'était pas aussi formidable que je l'avais pensé mais elle était bien plus précieuse. Je ne passais que très peu de temps chez moi, toujours envoyé à droite ou à gauche. Je côtoyais chaque jour la misère humaine et je commençais à lâcher. Je sortais d'ailleurs d'un hôpital militaire sur le terrain. J'avais lâché mon attention et je m'étais pris une balle dans l'épaule, une dans la poitrine qui avait été arrêté par mon gilet de peu. J'avais besoin de m'arrêter un peu. Les nerfs ne suivaient plus. On m'avait renvoyé à New York pour au moins six mois. Je n'étais pas utile sur le terrain avec un bras qui retrouvait doucement sa fonctionnalité.

En rentrant, je pensais retrouver Hanna et Thomas sur le pas de la porte mais personne. La maison était totalement vide. Je faisais quelques pas, sur le qui-vive comme si j'étais encore là-bas. Il y avait un mot sur la table. Un simple bout de papier barbouillé d'écriture. Je sentais mes pieds se dérober sous moi en lisant les quelques mots. Hanna était partie. Elle avait décidé de mettre fin à notre relation, ne supportant plus cette vie. Notre fils était parti avec elle. En dessous les papiers d'ouverture d'une procédure de divorce. Mon monde s'écroulait.