Il a finit part tout te balancer. Il n’y a même pas une heure tu ne connaissais pas son prénom et là il se confiait carrément à toi. T’étais contente qu’il se confie à toi mais son histoire était tellement triste. Tellement que lorsqu’il te raconta tout ça, tu ne peux t’empêcher de verser quelques larmes. T’es trop sensible pour ce genre de chose, tu le sais. Tu te demandes comment il fait pour garder la tête haute comme ça. Quand on le connaît, on ne peut imaginer tout ça. Tu te sens mal. Pourquoi ? Simplement parce que tes soi-disant potes s’en sont pris à lui alors qu’il souffrait déjà mais qu’il n’a jamais rien montré. Il ne mérite tellement pas ça. Quand il se lève, tu n’oses pas bouger. Il finit par continuer. Ca te glace vraiment le sang. Comment des parents peuvent en vouloir comme ça à un enfant ? Comment des parents peuvent expédier leur fils à l’autre bout de la planète parce que soi-disant il a tué sa petite sœur ? Tu ne comprenais pas. Après qu’il t’ai dit ça, t’aurais pu partir mais tu préfères rester. Il a le droit de pouvoir compter sur quelqu’un. Et puis, t’es pas du genre à partir comme ça. Tu te lèves et va t’accroupir en face de lui. T’essaies de capter son regard et tu lui réponds d’une voix douce :

« C’est pas parce que ta mère te déteste, qu’elle a décidé que t’était un raté et qu’elle a décidé que c’est toi qui avait tuer ta sœur, que c’est forcément vrai. Pour Cassyopée, elle avait besoin de trouver un coupable et c’est tomber sur toi, parce que t’étais avec elle, parce que t’as eu un malaise au milieu de la route. Le vrai coupable c’est le conducteur de la voiture. Il aurait dû vous voir. Je sais que tous les mots du monde ne fera pas partir ta peine, mais dis pas que c’est de ta faute. » Tu marques une brève pause, puis ajoute : « Non t’es pas un abrutit et non t’es pas pathétique. Tu tenais à elle et t’es triste, il n’y a rien de plus normal que ça, crois-moi. »

Il te demande ensuite si tu as perdu quelqu’un. Question à ne poser puisqu’à part à tes parents, t’en a jamais parler. T’as jamais pleuré pour lui parce que tu te l’ai interdit. Tu voulais être aussi forte que ton meilleur ami. Tu te relèves alors, tu fais quelques pas cherchant comment tu pouvais amorcer la chose. Toi aussi t’as peur qu’il te juge mais si tu lui dis ça prouvera que t’as confiance en lui. Tu t’assois alors contre un mur et regarde dans le vide. T’as vraiment pas envie de pleurer devant lui. Tu commences :

« Ouais moi aussi j’ai perdu. C’était.. mon meilleur ami. On se connaissait depuis la maternelle, on était toujours ensemble. Avec lui on se prenait pas la tête, on rigolait, on s’amusait. Il me comprenait, il savait qui j’étais réellement et c’était l’une des rares personnes sur qui je pouvais réellement compter. C’était un peu comme mon frère parce qu’il était toujours là pour me protéger, parce qu’il savait trouver les mots justes pour que j’aille à mes rendez-vous à l’hôpital, parce qu’il savait me faire rire quand j’en avais pas envie. » Tu marques une pause, t’as vraiment pas envie de pleurer mais tu sens la boule coincée dans ta gorge. Tu continues : « C’était pas le genre de mecs à s’attacher à une fille. Au contraire, il partait du principe que des filles y en avaient des milliers et que ça ne servait rien de se mettre en couple avec une seule quand on pouvait en avoir plein d’autres. Seulement il a fini par s’attacher à cette fille, Ashlee qu’elle s’appelait. Je savais que c’était pas une fille pour lui. Je savais qu’elle finirait par le faire souffrir mais avec elle, il avait l’air d’être bien et j’voulais pas passer pour la meilleure amie trop présente. Alors, pour lui, je faisais des efforts. Seulement, un soir, elle a organisé une fête chez elle. Mon meilleur a tenu à ce que je vienne avec lui, parce que soi-disant je finirais par apprécier Ashlee mais tout s’est enchaîné super vite. » Une larme coule le long de ta joue. T’as envie de partir en courant pour pas qu’il te voit pleurer mais t’es incapable de bouger : « Elle avait trop bu ou j’en sais rien mais elle a couché avec un autre et il l’a vu. Une dispute a éclaté et j’crois que c’était la première fois que je voyais mon meilleur ami aussi énervé et aussi dégouté. Quand je l’ai vu prendre sa voiture pour quitter la fête, j’ai directement pensé qu’il allait se passer quelques choses. Du coup, j’ai réussis à prendre la voiture de quelqu’un. Après quelques kilomètres, j’ai… vu sa voiture qui était accidentée. » Je me recroquevilla sur moi-même et finit par ajouter : « C’est moi qui l’ai sorti de la voiture. J’ai appelé l’ambulance, quelques heures après être arrivé à l’hôpital, un médecin m’a dit que c’était finit. » Tu pleures comme une madeleine, mais t’arrives pas à t’arrêter. Ca te fait tellement de parler de ça. Tu finis par dire : « Quand on était petit, personne ne pensait que notre amitié tiendrait parce qu’on venait du tout du même monde, parce qu’on avait pas les même centres d’intérêts… » Tu continues de pleurer. Tu dois être horrible en plus de ça : « Et si je voulais pas venir à New-York c’est parce qu’en restant à Seattle, j’avais l’impression d’être toujours avec lui. Voila ce qu’il s’est passé et j’pense que le plus pathétique de nous deux c’est moi. »

T’évites de lui dire qu’Ashlee est à New-York. T’evites de lui parler de tes projets e vengeance. Tu enfouis ta tête dans tes bras en espérant qu’Elliot ne se moque pas de toi. T’appréhende sa réaction. T'espère aussi qu'il n'est pas percuté sur le fait que t'avais des rendez-vous à l'hopital parce que si l’histoire de ton meilleur ami, tu l'avais raconté... Pour ta maladie ce n'était vraiment pas sûr que tu le fasses.

Appearances are often misleading.

Je devais penser à autre chose. J'avais aussi mal que le jour de sa mort, j'étais retombé au plus bas, un an plus tard. Je devais faire quelque chose, si non je n'arriverais jamais à reprendre pied. Vue les évènements de la journée, ma soirée allait surement être difficile, très difficile, je n'osais même pas imaginer me retrouver tout seul, peut-être ferais-je mieux d'aller parler à Clelia. C'était horrible, mais le fait d'avoir raconté tout ça à Lennon me faisait encore plus prendre conscience que je n'avais aucune raison de vivre. Ca faisait mal, toujours plus, et ça ne s'arrêterait certainement jamais, alors pourquoi je ne pouvais pas.. simplement en finir? J'avais essayé, plusieurs fois, mais j'étais visiblement trop coriace. Ou maudit, à voir. Ma respiration était douloureuse, comme si j'étais incapable de remplir correctement mes poumons, mon coeur raisonnait sourdement dans mes oreilles, et je me sentais mal, j'avais trop chaud, et l'estomac noué. Lennon s'approcha de moi, je ne la voyais pas vraiment mais j'apercevait une silhouette sans pour autant que mes yeux puissent faire la mise au point sur elle. Mais elle s'accroupit à ma hauteur et commença à me parler, alors je m'obligeais à la regardé, du moins j'essayais. C’est pas parce que ta mère te déteste, qu’elle a décidé que t’était un raté et qu’elle a décidé que c’est toi qui avait tuer ta sœur, que c’est forcément vrai. Pour Cassyopée, elle avait besoin de trouver un coupable et c’est tomber sur toi, parce que t’étais avec elle, parce que t’as eu un malaise au milieu de la route. Le vrai coupable c’est le conducteur de la voiture. Il aurait dû vous voir. Je sais que tous les mots du monde ne fera pas partir ta peine, mais dis pas que c’est de ta faute. Si, j'étais responsable de Cassyopée, elle est morte parce que je n'ai pas fait assezJe n'arrivais pas à me persuader de ça, c'était évident que c'était de ma faute.. Si je n'avais pas été un si grand raté ma soeur ne serait pas morte. J'étais un raté, un sacré raté. Et ma mère m'a fait subir tellement de chose, tellement que je n'osais même pas me les remémorer. Tout ce que je savais, c'est qu'elle avait foutu en l'air ma vie, autant que j'avais foutu en l'air la sienne. Non t’es pas un abrutit et non t’es pas pathétique. Tu tenais à elle et t’es triste, il n’y a rien de plus normal que ça, crois-moi. J'aurais eu envie de la prendre dans mes bras, mes j'étais incapable de bouger, alors je pinçais mes lèvres, faisant apparaître des fossettes au creux de mes joues. Ne pouvant rien ajouter, j'avais seulement pu lui demander si elle aussi, elle avait perdu quelqu'un de cher. Ca me permettait de changer de sujet au moins. Je devais arrêter de penser à Cassyopée, je devais aller de l'avant. Mais aller de l'avant pour faire quoi? J'étais un raté.
Je ne m'étais pas trompé, elle aussi avait vécu la perte d'un proche. Elle commença à se confier, je pensais qu'elle allait me rembarrer mais au lieu de ça elle se confia, elle me raconta son histoire, au même titre que je lui avait raconté la mienne. Elle aussi, un accident de voiture avait marqué la fin de la vie de quelqu'un qu'elle aimait. Elle s'était assise plus loin, et commença à pleurer, ça me fendit le coeur. Toutes ces journées qu'elle passer à faire croire aux autres qu'elle était superficielle et heureuse alors qu'elle avait juste besoin qu'on l'écoute. La voir comme ça me brisa le coeur, je m'avançais vers elle, pour venir m'asseoir à ses côtés et la prendre dans mes bras. Quand elle eu fini, je la serrais un peu plus, et séchais ses larmes avec mon pouce. Hé non, pleure pas, tu n'es pas pathétique, pas du tout.. tu es très forte, tu as su cacher tout ça à tout le monde pendant des années entière, tu es loin d'être pathétique Lennon.. Je posais ma tête sur la sienne, je m'en voulais de l'avoir faite pleurer à mon tour, elle ne méritait pas ça. Je restais silencieux quelque minutes, la laissant reprendre ses esprits. Tout le monde à une histoire, même les filles qu'on croirait pourrie-gâtée par la vie. Lennon était fragile, et ne demandait qu'à être aimée. Elle pouvait compter sur moi si elle le voulait, mais pour combien de temps? Je ne pouvais pas promettre à qui que ce soit que je serais toujours là, sachant que l'idée de me suicider tournait dans ma tête à longueur de temps. Je repensais à son récit, elle avait parlé de rendez-vous médicaux à l'hôpital. Alors elle aussi, c'était une habituée des chambres blanches, froide et stériles des hôpitaux? J'en avait fait des séjours là bas. C'était devenu ma seconde maison. Et j'en avais visité des services, réanimation, pédiatrique, psychiatrique, soin intensif.. Je connaissais les couloir de l'hôpital de New-York quasiment par coeur. Pour quelle raison tu devais te rendre à l'hôpital? Et.. si tu cherches quelqu'un sur qui compte.. je veux bien t'aider Lennon. Si tu acceptes. J'esquissais un petit sourire, je voulais vraiment qu'elle se repose sur moi, aussi longtemps que je serais là du moins.

Tu te sens mal parce que t’as bien vu que raconter ça faisait mal à Elliot. Tu ne peux pas comprendre ce que ça fait d’avoir des parents qui te détestent parce que pour les tiens tu étais le centre du monde. Ils auraient pu décrocher la lune pour toi. Ils auraient fait n’importe quoi pour que tu te sentes bien. Et malgré les engueulades que vous avez pu avoir, ils ont toujours été là. Elliot a perdu la seule personne sur qui il pouvait compter dans sa famille. Et ça me brisait le cœur de le voir comme ça. T’essaie de le rassurer mais comment trouver les mots quand t’as jamais su consoler quelqu’un ? Tu veux qu’il retrouve le sourire. T’aimerais tellement pouvoir tout changer. T’aimerais tellement lui montrer que le monde a de belles choses à offrir et qu’il n’a pas besoin de s’en vouloir comme ça. La mort ça arrive. Et comme tu lui avais dit, ce sont souvent les meilleures personnes qui partent les premières. Toi aussi tu lui racontes ce que t’as vécu. T’as jamais réellement pleuré pour ton meilleur ami, tu ne voulais pas être faible. Et puis, t’avais l’impression que si tu ne le racontais ce n’était pas vraiment réel. Mais aujourd’hui, tu finis par fondre en larme. Il vient te prendre dans ses bras et il ensuit même tes larmes avec son pouce. Il dit que tu n’es pas pathétique mais si seulement, il savait. T’essaie de te calmer. Elliot est là et ça te fait vraiment chaud au cœur. Tu lui réponds :

« Si je le suis parce que si je lui avais dit ce que je pensais d’elle, peut-être qu’il m’aurait écouter, peut-être qu’il aurait fait attention, peut-être qu’il serait jamais sortis avec elle, peut-être qu’il ferait encore partis de ce monde. Peut-être que ça aurait tout changé et je ne serais pas en train de pleurer comme une gamine comme ça. »

Il te manque. Tellement plus que ce que t’aurais pu imaginer. Avec lui, tu revoyais tous les bons moments que vous aviez vécu. Les fous rires qui partaient de rien. Les embrouilles qui pouvaient prendre des ampleurs phénoménales et où tu te promettais de ne plus jamais lui parler alors que dix minutes plus tard vous étiez réconcilié. La première fois que tu l’as vu à l’école quand t’étais petite. La première fois qu’il s’est retrouvé au poste de police et où il t’a appelé pour pas que ces parents le disputent. Même si parfois t’aurais eu envie de l’assassiner, tu l’adorais. Tu serais allé décrocher les étoiles pour lui. Elliot, te demande ensuite pourquoi tu devais aller à l’hôpital. T’as pas vraiment envie de lui parler de ça. Que ce soit à lui ou un autre. Mais au point où tu en es, lui parler de ça ou non ne changera rien. Tu finis par lui dire :

« Parce que j’avais cinq ans, les médecins ont découvert que j’avais une maladie cardiaque. Personne ne sait à quoi c’est dû mais dès mon plus jeune âge on m’a dit que je pouvais mourir à tout moment. Genre là, mon cœur peut s’arrêter de battre alors que j’ai rien demandé. » Tu marques une brèves pause puis enchaîne :« Depuis mes cinq ans, j’ai pas beaucoup grandis à ce niveau-là. Je refuse toujours d’aller à mes rendez-vous sauf que ma mère m’y oblige. Si j’veux pas y aller c’est juste que les hôpitaux me font peur et que j’ai l’impression que ma maladie est encore plus réelle si j’en parle ou si je vais à l’hôpital. Du coup, je profite de ma vie, j’essaie de repousser mes limites puisque je sais que quoi qu’il en soit je suis condamnée. »

Si Elliot veut te détruire, il en a largement les armes maintenant mais tu t’en moques. La vie ne tient qu’à un fil. Il suffit d’un évènement pour que tout bascule. Tu sais que de toute façon, c’est qu’une question de temps. Tu ne vas pas vivre avec cette maladie pendant 90 ans. Tu ajoutes ensuite :

« Ouais j’veux bien ton aide, mais je sais pas si tu pourras y faire grand-chose. » Tu lui souris et tu lui refais un bisou sur la joue parce qu’il est tellement gentil avec toi. Puis t’ajoutes : « Au fait, ma vraie chanson préférée c’est Restless Heart Syndrom de Green Day mais j’avais peur que tu fasses le rapprochement. Tu ne m’en veux pas ? » Tu fis une petite moue triste à laquelle il ne pourra pas résister.