Le 25 novembre, voilà que j'arrivais dans la famille des Scott, pas la plus grande famille influente de Los Angeles mais disons qu'on était largement à l'abris du besoin et que mon père cotoie les plus grandes stars vivant là-bas, il est à la tête d'une grande entreprise. Je ne vais pas vous raconter comment ma mère a accouché, c'est vrai on s'en fout si je suis sortie, normalement, par césarienne ou tout simplement, j'ai vécu un accouchement difficile, je suis sortie par les pieds, ce qui fait de moi une rebelle de la société, non. J'ai eu une petite enfance heureuse, j'avais mes deux parents pour moi, sur les photos, quand je me regarde, tout le monde rayonnait de bonheur. Ma mère, mon père, tous. Je me sentais bien, à ma place, mais ça n'a pas duré bien longtemps...Sofia, ma mère est d'origine algérienne, ce qui explique nos noms plutôt bizarre...

2 ans et demi, un petit bout de chou. Mon père peu présent pour sa boite parce qu'il a des hautes responsabilités, une mère avocate, mais un peu plus présente, déjà le soir, elle était là. Ma vie changea quand elle m'annonça que j'allais avoir un petit frère ou une petite sœur. J'étais contente, enfin quelqu'un pour jouer dans cette maison de fou. Ma mère aussi l'était et toute ses amies défilaient à la maison, lui touchaient son ventre et ne m'adressaient même pas un regard. J'étais invisible. Le 25 janvier 1995 naissait ma sœur, Sanaa. J'étais super heureuse, d'être la plus grande, celle qui fallait qu'elle montre l'exemple mais j'étais un peu jalouse de l’intérêt que lui portait les gens et surtout ma mère. Personne n'essayait de me rassurer, que rien ne changerait mais je voyais bien au fond que tout allait être différent. Ca l'était déjà et je n'avais que trois ans, mais ce que je ne savais pas c'est qu'à moi toute seule, j'étais un secret de famille...

2000 – j'avais huit ans. J'étais une petite fille normal, l'école, je n'aime pas trop mais on a pas le choix, on y va pour les copains et les copines. Pour le travail ? Un peu moins. Mais aujourd'hui c'est week-end et papa est là, alors tout le monde est très heureux. Sanaa et moi on est entrain de jouer près de la cuisine et de notre père, qui nous prépare à manger, mais, notre mère descend en furie et entre très énervé dans la cuisine. « Tu as encore des contacts avec elle ! » hurla-t-elle, il soupira. Je ne voyais pas la scène mais on entendait tout. « Sofia.. je vais t'expliquer ! » dit-il, j'entendais des pas mais elle continua. « Non, c'est pas la peine, comment tu peux encore lui envoyer des photos d'elle ? » il ne dit rien. « Tu me trompes encore avec elle ? » « Non, bien sûr que non et tu le sais ! » on bougea un peu dans la cuisine, le bruit d'une bouilloire se fit entendre. « Je ne veux pas encore que tu me ramènes un gosse, cesse tout contact avec elle ! » et elle partit à nouveau en montant rapidement les escaliers, je la regardais avec des yeux ronds mais de quoi elle parlait ? A cette époque là, je me suis posée quelques questions, mais pas trop après tout j'étais jeune et pour moi, Sofia était ma mère..

2004 – Je suis chez mon cousin du côté de mon père, il s'appelle Kyle et Kyle, je vais souvent chez lui, il a deux ans de plus que moi mais on est très proche, il me considère comme sa sœur. Par contre Sanaa et lui ne s'entendent pas trop. Il la trouve trop collante. J'avais douze ans. Ma tante passe énormément de temps chez nous et on passe énormément de temps chez elle, ça a toujours été comme ça que sa fonctionne chez nous. Je passais tous mes étés là-bas. Enfaites tous mes week-end et vacances, j'avais entendu que le cousin de mon cousin, ce n'est pas mon cousin parce qu'on a aucun sang en commun venait chez lui, mais je ne le connaissais pas et à vrai dire, j'avais un peu peur que mon cousin m'oublie. Quand son cousin arriva, il me laissa quelques minutes mais il fit très vite les présentations. « Dakota, Kahina, ma cousine du côté de ma mère, tu sais celle que je vois souvent la moche avec qui je suis souvent sur les photos... c'est bon Hina, je rigole.. Ouais moi aussi j'temmerde.. Kahina, c'est Dakota, le cousin du côté de mon père, le mec qui se prends pour un beau gosse... Outch mais tu m'as fait mal ! » on se mit à rire et on se mit à parler tous les trois. Ma tante était vraiment contente qu'on s'entend aussi bien. On monte dans la chambre à mon cousin et je m'allonge sur son lit comme à mon habitude. Dakota inspecte la pièce et voit mon sac « Tu restes tout l'été ? » me demanda-t-il par curiosité, je le regarde en souriant « Pourquoi ça t'intéresse ? » il s'approche de moi en me disant « Parce que moi aussi, je reste, un mois, ce mois-ci enfaîtes. » je le regarde en disant « Moi aussi, ça tombe bien ! » mon cousin saute alors sur le lit et regard son cousin avec un regard complice. « T'es la seule fille, tu vas morfler ma vieille. » et il m'attrapa et il commença à me chatouiller.

C'est ainsi qu'est née notre trio. Je l'avais déjà vu quand j'avais huit ans, on avait fait un parc d'attraction ensemble, mais j'ai occulté, certes, son nom me disait quelque chose. Il porte le même nom de famille de mon cousin, mais c'était un ami, enfin vite fait, à cette époque là, je n'aimais pas trop les garçons hormis mon cousin parce qu'il me protégeait de tout le monde, mais Dakota avait été gentil avec moi. Il m'avait aidé à sortir du palais des glaces, pendant deux jours, ça avait été mon sauveur, mais sans plus. On a passé tout l'été ensemble et on est devenue vraiment très proche. 12 & 14 ans. On arrêtait pas de se parler, les fixes de nos parents on les a utilisé, tous les plans qu'on avait dans la tête. Franchement à une époque, c'était lui et moi contre le monde. Ma mère avait peur que je sorte avec lui et sa mère aussi, mais pour nous au début, c'était hors de questions.

2005 – Les vacances de Novembre, il nous avait invité Kyle et moi à passer les vacances chez lui. On pouvait sortir plus facilement à la plage, allez faire un tour dans un petit parc, une semaine bien sympa quoi. Je me faisais chambrer vu que j'étais la seule fille. Sinon j'étais entourée que de testostérone. 4 garçons dont un frère parti chez sa copine et une jeune fille et les parents de Dakota. Sa mère m'adorait tout simplement parce qu'elle était dans un univers moins masculin, je pouvais l'aider sujet manucure, maquillage et tout ce genre de truc, franchement, elle était super sympa encore plus que ma mère qui ne s'occupait que de Sanaa. Elle faisait de moins en moins attention à moi, on se parlait de moins en moins. Bref, j'avais squatté la chambre de son frère qui est partie et cet après-midi, on était sans les parents à la maison. On avait branché la console, fait une ou deux parties avec ses frères et mon cousin puis on avait filé à l'anglaise, au petit parc tout près de chez lui. On se taquinait, on riait, je le poussais pour rire et je me mis à courir, lui derrière moi, il m'attrapa par la taille et me plaqua au sol, il faisait attention à ce que je ne me faisais pas mal. Il me regardait dans les yeux, je me sentais défaillir. J'arrivais plus à bouger. Je sentais mon cœur battre plus vite plus il se rapprochait. Ce que nous voulions tous les deux n'arriva pas car... « Dakota ! Mon pote ! » il se releva vite en me tendant sa main, j'étais légèrement gênée, une bande de quatre garçons se tenaient devant moi. J'en connaissais qu'un sur les quatre. Ils me firent tous la bise. « Kahina t'es chez Dakota ? » je le regardais alors, c'était le mec que je connaissais qui parlait et je hochais la tête. « Je passerais te voir alors ! » il me fit un clin d'oeil, je n'eus pas le temps de réagir que Dakota partit, je regardais alors le type et je me mis à courir après mon ami. « Dakota, attends ! » il se retourna alors, et il ne me regardait même pas. « Tu veux aller le rejoindre, va y ! » alors là, WTF ? Je ne comprenais pas du tout, il fallait qu'il m'aide là. Je continuais à courir puis j'arrivais à sa hauteur, je lui barrais la route en disant « Attends, je ne comprends pas ! » il continua d'avancer, sans me regarder. « Ouais, il te plait ! » mais non idiot, c'est toi qui me plait, je me mis à rire en répondant. « T'es complètement à la ramasse, je m'en fou de ton pote. » il continue de marcher, je cours à moitié après lui. Il s'arrête soudainement, on dirait vraiment une scène dans les films et il m'embrasse, un baiser spontané. J'ai l'impression que mon cœur va exploser « Désolé, j'aurais pas du ! » me dit il avant de continuer à avancer, mais je le rattrapais et l'embrassait à nouveau, c'est magnifiquement bon. Je vais fondre.

2007 – début février, ça fait un an et trois mois bientôt que Dakota et moi on est ensemble, nos familles sont super heureux. Mon cousin, il s'en fout et ses frères arrêtent pas de me charrier quand ils me voient, ils m'appellent déjà la belle sœur. Moi ça me fait rire mais on en ai pas encore là, puis on a souvent des hauts et des bas. J'avais quinze ans. J'avais plus mes règles depuis deux mois, je me sentais pas bien. J'avais fait un test de grossesse qui était négatif, mais en passant la prise de sang, elle était positif. Le malheur. J'ai cru que ma mère allait m'assassiner, elle m'a giflé comme elle ne l'a jamais fait. Je m'en souviens encore. Impossible de faire machine arrière, mon père me fit étudier à la maison afin que je ne perde pas le fil. Je l'avais annoncé à Dakota, il m'a promis d'être là, mais j'ai peur. J'ai peur qu'il ne tienne pas sa promesse. Ma mère me regarde de haut, elle me méprise, le dialogue est rompue, enfin on s’envoie des vacheries, dans sept mois, j'aurais un bébé, ça va me faire bizarre, je ne sais toujours pas quoi faire.
[...]
Septembre - ma fille est née, elle s'appelle Leila ce qui signifie en arabe « amoureuse passionné et fidèle » je l'ai choisie pour rendre hommage aux origines de ma mère, elle est fière de sa petite fille pas de moi. J'étais très heureuse de tenir ma fille dans les bras, elle est tellement belle et fragile, je me mets à pleurer, Dakota n'a pas pu être là, il était occupé avec son boulot. Il a du abandonner ses études, il m'en veut un peu. A la maternité, je suis dans une chambre seule avec mon bébé. Je suis vraiment heureuse même si je sais que je dois prendre de la maturité et que la route sera parsemé d’embûches, mais ce n'est pas grave, je ferais face.

Novembre – Avec ma mère le dialogue est rompue, mais mon père, lui, il me soutient malgré tout et il est gaga de Leila. On s'engueule tout le temps avec elle, mais ce soir là, je crois qu'une gifle ou même qu'on m'assome m'aurait fait moins mal, comme d'habitude, Sofia et moi, on s'engueulait. « T'es qu'une moins que rien Kahina ! » me cria-t-elle pendant une de nos disputes quotidiennes. « Je suis ta fille, tu n'as pas le droit de me dire ça ! » criais-je à mon tour. Elle me regarda et pour la première fois, je vis du dégout dans son regard. « Tu as tout faux ma pauvre fille, t'as jamais été ma fille, t'es l’œuvre d'une putain et de ton père. J'ai fait la BA de ma vie en acceptant de t'élever comme ma propre fille et tu t'es comporté comme ta mère ma chérie, tout aussi salope sauf qu'elle ne t'a pas eu à 15 ans. » je regarde alors ma mère, je ne la crois pas. « non, tu dis ça uniquement pour me faire du mal. » elle continue à me regarder bizarrement, enfin méchamment quoi. Puis elle alla alors dans un tiroir dans la salle et elle en sortit mon acte de naissance. Je portais le nom de mes deux parents et pas que Scott comme le prétendait mes parents. « A mes yeux t'as toujours été une bâtarde, je t'ai toujours vu comme la tâche noire à mon bonheur, j'ai essayé de t'aimer mais quand je te regarde, je vois l'infidélité de mon mari... » et c'est ainsi que je cours dans ma chambre.. Que je prends Leila des bras de Sanaa et je prends alors la porte.

Le lendemain, j'appelle mon père et je lui demande à partir, il ne veut pas, il pleure au téléphone, il s'excuse, je n'en veux pas, pas pour l'instant, je suis énervé, je viens d'apprendre qu'on me ment depuis le début, je pleure alors, il pleure avec moi, je lui dit que je veux partir à New-York, il commence par un non catégorique avant d'accepter à contre-coeur, il me dit qu'il m'enverra de l'argent tous les mois et qu'il m'aime, mais je ne sais pas, je ne sais plus. Je sonne à une porte, celle de Dakota, je ressemble vraiment à rien. Il ne sait pas quoi me dire, je me mets à pleurer dans ses bras, je pose la petite dans l'entrée puis je vais la coucher dans son lit, Dakota me caresse les cheveux. Il m'embrasse les tempes, il essaie de me consoler. Puis, je lui demande de me suivre à New-York, il accepte.

2012 – en trois ans, pas mal de choses ont changé. J'habite toujours à New-York, avec ma fille, sans Dakota. Dakota habite aussi à New-York, ce qui nous permet de faire la garde alterné mais il est en couple, avec quelqu'un d'autre, ça me fait mal et ça m'a fait mal, mais c'est la vie j'ai envie de dire. Leila n'aime pas trop sa copine mais c'est pas à moi de se mêler ce genre de chose, je ne sais pas pourquoi il fait ça, il m'a quitté pour elle, il y a 8 mois, ça faisait déjà trois mois qu'ils se voyaient. Moi aussi j'ai décidé d'avancer et honnêtement, avoir des relations peu suivies, ça me convient, je ne pense pas être prête pour une relation longue. Ma mère et moi c'est toujours au plus bas, au point mort, avec ma sœur aussi. Il y a juste mon père que j'aime. J'ai également aidé mon meilleur ami Gale, mais malheureusement ce n'était pas au goût de ma mère qui nous traite comme des moins que rien mais disons que ça me fait ni chaud ni froid. C'est pas à elle de juger ce que je dois faire, je suis très heureuse de l'avoir aidé. Je suis maintenant étudiante en lettre et je bosse en parralèle dans la boite de mon père, je fais un peu de tout, j'aide là où il y a de la place. Leila reste ma vie et je serais toujours là pour elle.