Je ne comprenais pas vraiment ce qui était en train de m’arriver en ce moment. J’avais tenté de me suicider parce que j’avais perdu Haley, j’avais repris du poil de la Bête et en quelques semaines je m’étais retrouvé à être responsable de deux adolescents. Nicolaà avait perdu tous ses proches en Allemagne. Evald quand à lui avait aussi perdu ses parents et il revenait de Suède. Et moi ? J’avais vingt-et-un and. Je n’avais jamais eu à me responsabilisé de quoi que ce soit. Sauf que maintenant, je devais être responsable. J’essayais de ne pas trop mettre le foot de côté non plus. Je ne savais pas vraiment où tout cela allait me mener. Je ne sortais plus ou que très rarement avec les gars de l’équipe. J’étais là pour Evald quand il avait peur la nuit. J’étais là pour Nicolaà si jamais elle avait besoin. Néanmoins, ce soir j’avais eu besoin de me retrouver seul. Pas avec l’équipe. Pas avec Clelia. Pas avec Haley. Juste seul. J’avais besoin de me poser et de prendre du recul face à la situation. De plus, personne n’était là ce soir à la maison d’après ce que j’avais pu comprendre.

Après avoir enfilé un jogging, j’avais pris les clés de ma voiture et j’étais partie sur les chapeaux de roue. Ma première destination était le centre commercial pour aller acheter une bouteille de je ne sais trop quel alcool. Une fois que ce fut fait, je repris ma voiture pour aller en direction de Yale. Les toits de cette université, s’était mon refuge. Personne ne savait réellement que j’aimais aller là-haut. Loin du bruit New-Yorkais. Clelia n’était même pas au courant, c’est pour dire. S’était ici que je venais pour extérioriser ce que je ressentais. J’avais un sentiment de puissance. J’avais l’impression que rien ne pouvait m’atteindre de là-haut. Je grimpais les quelques escaliers et ouvrit la porte en métal. Je la refermais et je me retrouvais face au silence. Ca faisait du bien, un peu de calme. Parfois, j’aimerais me réveiller et réalisé que ce n’était qu’un mauvais rêve. Comment peut-on confier la garde de deux personnes à un mec qui n’a jamais eu besoin de se responsabiliser ?

J’allais m’installer sur le rebord du toit, les pieds dans le vide. Je n’avais jamais eu le vertige. J’ouvris la bouteille et bu une première gorgée. Je levais les yeux vers le ciel. Mon père était sûrement parmi les étoiles et il ne voudrait pas voir son fils comme ça, mais bon… Il ne pouvait pas m’en vouloir de réagir comme ça. Je reposais ensuite mon regard sur New-York. Cette ville qui m’avait vu grandir, évoluer et devenir celui que je suis à l’heure d’aujourd’hui. Quand je faisais une rétrospective de ma vie, je me rendais que je n’avais jamais été un mec réellement bien. J’avais fait souffrir Haley mais ça n’avait pas été la seule à avoir mal à cause de moi. Au lycée, j’avais été un vrai bourreau des cœurs. Maintenant que moi aussi j’avais souffert à cause de ça, je savais ce que ça faisait. J’avais réussis dans le milieu du sport mais à quel prix ? Mon père serait encore en vie, il ne voudra certainement pas entendre parler de moi. En l’espace de quelques mois, j’avais changé. Trop changé, à mon goût. Plongé dans mes pensées, je bus une nouvelle gorgée avant d’entendre un bruit. Une porte qui s’ouvre. Automatiquement, je me retournais dans cette direction mais ne voyait pas la personne qui venait de passer cette foutue, à cause de la pénombre.

Je me tenais assise à table, une fourchette en main, les sourcils légèrement froncés à fixer un point sur quelque part dans la salle à manger sans dire un mot. J'entendais des voix bourdonner dans mes oreilles sans en comprendre les mots qui en ressortaient. J'étais comme dans une bulle, seule et livrée à moi-même. Pourtant, j'aurais voulu passer une soirée tranquille en compagnie de ma famille à discuter de mon séjour à Paris, des différentes activités que j'y faisais, des gens que j'avais rencontré bref de parler de ce que j'avais vécu depuis mon départ mais plus j'y pensais et plus j'avais l'impression de ne pas avoir pris la bonne décision en revenant à New-York. Paris s'était révélée être une ville faite pour moi, une ville où je me sentais chez moi une ville qui m'avait accueilli à bras ouvert. Pourquoi l'avais-je quitté ainsi, sans prévenir personne?? Je déglutis à table, je baissais mon regard vers mon plat un instant. Mes deux pères me fixaient, l'un deux posa ses couverts surement dans l'intention de me demander ce que j'avais pas la suite sauf que je le pris de court et me levai de table en les regardant tous les deux. Excusez-moi, j'ai besoin de prendre un peu l'air.. Je partis aussitôt dans ma chambre. J'enfilais quelque chose de confortable comme mon pull noir GAP, j'avais un slim noir et je pris mes converses blanches que je mis aux pieds. Mon portable dans la poche, mon permis de conduire et les papiers de la voiture par la même occasion et j'étais partie. J'avais pour habitude lorsque j'étais encore étudiante à Yale de venir me réfugier sur le toit. J'aimais beaucoup la vu qu'on pouvait avoir sur la ville ainsi que le silence, la solitude qui accompagnaient les lieux. J'étais sûre de ne pas être dérangée là-bas. Enfin je me rappelais d'une fois où j'avais croisé quelqu'un qui avait beaucoup compté pour moi depuis le lycée.. C'était encore douleur de penser à ça, c'était aussi une des raisons qui m'avaient poussé à fuir la ville. Je n'avais pu supporter un drame de plus dans la vie. Je m'étais garée sur le parking de la faculté, je sortis de ma voiture. Il ne faisait pas trop froid mais je resserrais malgré tout mes bras contre ma poitrine avant d'entreprendre d'aller jusque sur le toit. J'envoyais un message à mes parents en leur disant de ne pas s'inquiéter que c'était juste difficile pour moi d'être revenue et que j'avais besoin de réfléchir au choix que je prenais. Lorsque j'arrivais devant la porte, je l'ouvris. Je passais cette dernière avant de la refermer. Lorsque je fis quelques pas en avant, je vis une silhouette qui me fixait. Je fronçais les sourcils en continuant de m'avancer lorsque je le reconnus. Il ne manquait plus que lui. Il avait fallu qu'il soit la première personne que je revoyais après six mois d'absence. Je le regardais en silence continuant d'avancer. Salut.. Lançais-je simplement de façon un peu froide avant d'aller m'asseoir quelques mètres plus loin en regardant la ville plongée dans la nuit noire..

J’avais besoin de me retrouver seul. De faire une rétrospective de ce qu’était devenu ma vie. Je n’aurais jamais pensé qu’un jour j’aurais à ma charge deux adolescents. Je n’aurais jamais pensé que mon père meurt avant de voir ce que j’étais devenu, même si l’idée ne lui plaisait pas. Je n’aurais jamais pensé tomber amoureux d’une fille non plus. Je n’aurais jamais cru que l’amour pouvait faire mal à ce point-là. Je n’aurais jamais pensé faire une tentative de suicide non plus. D’ailleurs, je m’étais plutôt bien remis de ça, même si je n’aimais pas en parler. J’évitais souvent le sujet mais je savais que rien ne pouvait m’atteindre maintenant. J’avais agis sous le coup de l’impulsion parce que je m’en voulais d’avoir faire du mal à Haley. Je m’en voulais de l’avoir perdu. Et ouais, la seule solution que j’avais trouvée avait été de fuir. Néanmoins, j’étais plus fort qu’avant. Et rien, ni personne ne pouvait m’atteindre. Je ne le permettrais pas. J’étais venu me planqué sur les toits de Yale. Personne ne savait que j’aimais bien venir là-haut. Il n’y avait jamais personne. J’étais tranquille. Enfin ça c’est ce que je croyais. J’entendis la porte s’ouvrir de nouveau. Je me retournais presque automatique pour voir qui venait me tenir compagnie. La personne s’approchait et c’est alors que je reconnu Skylaàr. Ca faisait un sacré moment que je ne l’avais pas vu celle-là. Elle avait complètement disparu de la circulation depuis quelques mois. Elle s’était comme volatilisée. Je me retournais sur la vue de New-York lorsqu’elle me lança un « salut » froid.

« Salut… » J’avais employé le même ton qu’elle. Je reposais mon regard sur la ville avant de boire une nouvelle gorgée. Je ne savais pas dans quel état j’allais finir mais qu’importe. Tout en continuant de regarder les lumières scintillantes, je lui lançais sur un ton un peu plus neutre : « Qu’est-ce que tu fais là ? »

J’étais conscient que je n’avais pas toujours été sympa avec elle mais je me demandais pourquoi elle avait décidé de revenir. Je ne savais pas si s’était de ma faute même si, quelque part j’y avais contribué. D’ailleurs, je ne savais pas ce qu’elle était partit faire. J’espérais juste qu’elle n’est pas parcouru la blog de Gossip Girl. Je ne voulais qu’elle soit au courant pour ma tentative de suicide. J’avais toujours ma fierté. Et même, je n’avais jamais été réellement pote avec elle, elle n’avait donc pas à savoir ce genre de chose. Je reportais mon attention sur elle, attendant une réponse de sa part. J’étais persuadé qu’elle n’allait pas me répondre. Peut-être qu’elle avait changé, je n’en savais rien.

Cela ne faisait quelques heures que j'avais atterri dans la belle et grande ville qu'était New-York et je le regrettais déjà. Qu'est-ce qui m'avait pris de revenir ici, je n'avais rien à faire dans les rues de la Grosse Pomme, je n'y avais plus ma place. Je me sentais tellement comme une étrangère alors que j'avais grandi ici, j'avais passé mon enfance ici.. C'était assez frustrant de se dire que plus rien ne me rattacher à ses environs, à ses habitant et en particuliers certaines personnes. J'étais partie sans rien dire à personnes, j'avais fui c'était le mot et désormais, je me repointais à nouveau, encore une fois sans en toucher un mot qui que ce soit même pas à mes parents et je me rendais aussitôt de mon erreur. J'avais pris l'habitude quand j'étudiais encore à Yale, bien que je m'y sois réinscrite, de traîner sur le toit. La vue y était splendide et c'était un endroit tranquille où je pouvais méditer. Enfin jusqu'à ce que j'y croise une des raisons pour lesquels j'étais partie sans donner aucune nouvelle. Aaron était assis sur le rebord du bâtiment et je n'avais pas su rebrousser chemin, je m'étais simplement installée quelques mètre plus loin. Malgré les quelques souffles du vent, je l'entendis me saluer, c'était assez étonnant de sa part quand on connaissait le personnage sans oublier les conditions dans lesquels nous nous étions quittés. Il enchaîna avec une question et je ne pus m'empêcher de détourner le regard à l'opposé de lui, je sentais ses yeux posés sur moi. Je n'avais pas envie de lui parler. Il m'avait fait beaucoup trop de mal, en fait, c'était celui qui m'avait fait le plus de mal dans ce fichue ville sans oublier Yoann.. Je soupirais alors avant de répondre. Je ne sais pas.. C'était la réponse qui me semblait la plus adéquate, celle qui résumait le plus la situation dans laquelle je me trouvais. Et puis je ne pouvais pas lui dire que j'étais revenue en partie pour lui, je me montrais alors comme la pire des idiotes. D'ailleurs c'était un peu tard pour ça, j'avais déjà les larmes aux yeux, il avait juste fallu que je me retrouve à côté de lui pour perdre tout crédibilité. Je repris la parole  malgré tout avant de finir enfin par affronter son regard. Je sais seulement que je n'aurais pas dû revenir.. Il semblerait que certaines personne aient encore bien trop d'emprise sur moi.. Bien sûr quand je disais ''certaines personnes'' je parlais simplement de lui et de personne d'autre.;

Je me rendais que parfois je pouvais être le pire des connards. Que ce soit avec les personnes que je n’aimais pas mais aussi avec celles que j’aimais. J’étais comme ça et sans doute rien, ni personne ne pourra me changer. Assis sur le rebord du bâtiment, je devais vraiment faire pitié. Mais personne ne me verrait dans cet état. J’allais sûrement par faire partie de ses stars du sport qui enchaîne les débordements. Pour l’instant, mon équipe voulait encore de moi mais jusqu’à quand ? En fait, il fallait vraiment que je change d’air. Que je parte quelques temps de New-York. Que je choisisse une destination de rêve comme Punta Cana ou un truc dans ce style. Le dépaysement total. Seulement, je savais qu’en disparaissant de la surface de la Terre, je risquais de perdre mon équipe. Et je tenais trop au foot pour faire ça. Je vivais pour le foot. Je savais que ça, après tout. Je ne pouvais pas abandonner. Skylaàr était de retour. Elle était là à quelques mettre de mois, comme il y a presque un an. Est-ce que j’avais changé au point d’arrêter d’être un connard avec elle ? J’en savais rien. Mais une chose était sûre, je ne me reconnaissais pas vraiment. Je continuais de la regarder avant de reposer mon regard sur la ville, en entendant sa réponse. Je laissais un silence s’installer, puis tout en continuant de regarder les lumières de la ville, je répondis simplement :

« J’suis désolée Skylaàr, tu sais… »

Ni plus, ni moins. Je ne savais pas si s’était l’alcool ou si mes excuses étaient sincères. Je ne savais pas non plus comment elle allait réagir. En fait, je m’en moquais. Qu’elle les accepte ou non, ça n’allait pas changer grand-chose pour moi au final. Néanmoins, j’ajoutais :

« T’as le droit de m’en vouloir, mais un jour tu te rendras compte que j’ai changé… »

Si seulement, elle imaginait ce qu’il s’était passé durant son absence. La tentative de suicide. Le fait d’avoir des responsabilités. Le fait que ça n’aille pas avec Haley. Elle allait certainement jubiler et je ne pourrais pas lui en vouloir. Grâce à ça, elle pourrait prendre une revanche. Peut-être qu’au final, on avait voulu me punir pour mon comportement. D’un autre côté, là, elle me voyait dans un moment de faiblesse. Face aux autres, j’étais toujours le même. Egal à moi-même. Les apparences comptent plus que tous dans ce monde de toute façon. Elles sont beaucoup trop trompeuses à mon goût. J’attendais la réaction de Skylaàr tout en buvant une gorgée. J’allais finir dans un sale état mais qu’importe. Tant que je n’abîmais pas le bolide dans lequel je roulais, tout irait bien.

Ce n'était pas toujours facile d'affronter les gens qui nous avaient fait le plus de mal surtout lorsque ces derniers s'avéraient être des gens que l'on appréciait énormément ou que l'on aimait.. Je ne m'étais pas sentie d'attaque à affronter tout New-York aussitôt, je venais tout juste de revenir et j'avais besoin de souffler un peu avant de faire mon apparition à la grande surprise de tous. Malgré ça, je redoutais toujours autant de revoir une certaine personne parmi tous les habitants qui peuplaient la ville, je ne savais pas comment j'allais réagir à sa vue peut-être allais-je de nouveau m'enfuir pour Paris ou peut-être allais-je me lancer dans une énième dispute avec elle ou alors me tairais-je.. Quoi qu'il en était, j'avais pensé trouver refuge au sommet du bâtiment de la faculté de Yale comme autrefois mais il semblerait que le destin, ou quoi ce soit d'autre, jouait contre moi. Il s'amusait à me torturer et à prendre du plaisir à me voir me décomposer.. La seule et unique personne que j'évitais ici se trouvait être à quelques mètres de moi.. C'était très dur de revoir Aaron ce soir, d'autant plus que je ne mettais pas pas préparée à la confrontation avec lui, j'avais peur je devais l'admettre. Cela faisait si longtemps que je l'avais pas vu et pourtant ce que j'avais pu ressentir pour lui durant toutes ces années n'avaient pas disparu, au contraire, j'avais l'impression que cela s'était intensifiée. Je m'étais installée non loin de lui, j'avais décidé de rester et d'arrêter de me cacher. Je le regardais droit dans les yeux tout en passant un main dans ma chevelure alors qu'il s'excusait. Je fronçais légèrement les sourcils surprise pas ses paroles. J'avais bien vu qu'il avait bu mais il semblait ne pas être bourré pour autant. Il poursuivit en m'affirmant qu'il avait changé et je lui adressais un sourire nerveux avant de détourner le regard un instant. Je déglutis, je ne savais pas s'il était sincère ou s'il se jouait de moi mais je n'y arriverai pas, être avec lui aussi proche, c'était au dessus de mes forces et ses excuses me chamboulaient l'esprit alors je redescendais du petit muret, j'allais partir parce que je n'en pouvais déjà plus, je n'avais même pas tenu cinq minutes avec lui.. Mais alors que j'avais fait quelques pas, je ne pus m'empêchais de me retourner vers lui, me mordant l'intérieur de la joue avant de prendre la parole. Qu'est-ce que tu essaies de faire au juste?? Tu t'es découvert une conscience, c'est ça?? Je le fixais du regard. Il avait beau s'excuser, je ne croyais pas en sincérité et puis ce n'était tellement pas lui, c'était à des années lumières du mec que je connaissais. Et tu t'excuses de quoi exactement, j'aimerais savoir Aaron..